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« Chaque repas est une occasion de se faire plaisir »

Eric Fontaine, médecin nutritioniste au CHU de Grenoble, préside le collectif de lutte contre la dénutrition.

Eric Fontaine, médecin nutritionniste au CHU de Grenoble, préside le collectif de lutte contre la dénutrition. Pour lui, il faut avant tout adopter une alimentation « de bon sens » avec de la diversité.

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Avec les régimes végétariens, voit-on apparaître dans la population des signes de dénutrition carnée ?

On ne parle pas de dénutrition carnée spécifiquement. La dénutrition, c’est quand on mange moins de tout. Ce qui entraîne une perte de muscles et crée un terrain favorable aux infections. Ce n’est pas le cas des végétariens. Ils ne sont pas en mauvaise santé. On peut vivre sans viande mais pas sans protéines. On voit souvent une confusion entre le végétarisme, qui accepte les protéines animales apportées par les œufs ou le lait, et le végétalisme, qui refuse tout produit animal. Dans ce dernier cas, les risques de carence en vitamine B12, qui n’existe que dans les produits animaux, sont avérés mais la maladie qui en découlera n’est pas de la dénutrition. Changer son alimentation n’est pas anodin.

Diminuer la consommation de viande à l’échelle de la population, pourquoi pas ? Mais à l’échelle individuelle, il vaut mieux adopter une attitude raisonnable. D’un côté, pas le viandard jamais rassasié ; mais, de l’autre côté, pas rien non plus. Les recommandations nutritionnelles préconisent une protéine animale à chaque repas. Elle peut être apportée par les œufs, le laitage, le poisson ou la viande. Et, là encore, il faut distinguer la viande rouge, dont la mise en cause dans le risque de cancer du côlon pousse à limiter la consommation, de la viande blanche, qui est tout aussi efficace pour apporter les acides aminés essentiels en quantités suffisantes.

Il semble que les gens soient un peu perdus par toutes les recommandations nutritionnelles qu’ils reçoivent par de multiples canaux, l’école, les voisins, les réseaux sociaux, les médias…

Il y a beaucoup de facteurs confondants, en effet. Parce que c’est un mot étranger, l’emploi du mot « végan » tend par exemple à faire la confusion entre les végétariens et les végétaliens alors que ce sont deux modes de vie très différents aux yeux du nutritionniste. D’ailleurs, un des arguments des végétariens est de dire que ce régime est bon parce qu’ils sont en bonne santé. Là aussi, on sème de la confusion : s’ils ne sont pas plus malades que les autres, ça ne signifie pas qu’ils sont en meilleure santé.

En réalité, il faut surtout arrêter de se faire peur et adopter une alimentation de bon sens. C’est ce qu’on retrouve dans le régime méditerranéen dont on dit qu’il est le meilleur : de la diversité. Il suffit de se faire plaisir sans se gaver, ni se restreindre. En gros, dans une vie, on fera 60 000 repas. C’est 60 000 occasions de se faire plaisir.

Une bonne partie de nos concitoyens n’ont pas l’occasion de ressentir un tel plaisir puisqu’ils ne cuisinent plus eux-mêmes et maîtrisent donc moins leurs apports…

Il faut distinguer deux choses. D’un côté, la restauration hors foyer, comme les cantines ou les restaurants d’entreprise. Si le travail est bien fait, les repas de ce type peuvent être très bons d’un point de vue nutritionnel. De l’autre côté, les produits transformés ou ultratransformés. Là, en revanche, on plonge dans l’inconnu et on a déjà démontré leur relation avec des maladies chroniques comme l’obésité ou certains cancers.

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